Chapitre 3 : Les défis possibles

Les interactions sociales

Chaque conversation me semblait tellement triviale après sa mort. Les sujets comme les nouvelles, le magasinage et les projets des Fêtes me semblaient tellement déconnectés de ma réalité. Tout ça n’avait plus vraiment d’importance pour moi. Parfois, on me demande si je suis mariée, et je ne sais pas toujours quoi dire. Je réponds généralement que j’étais mariée, mais que mon mari est mort. Si c’est quelqu’un que je rencontre pour la première fois ou un pur étranger, il m’arrive de répondre « non ». Je n’ai pas toujours la force de partager mon malheur et de répondre aux inévitables questions qui viennent avec la vérité.

Vous redoutez peut-être les situations sociales comme les rencontres entre amis, le retour au travail ou les sorties. Les contacts sociaux, qu’on parle de reprendre contact avec les autres après le décès ou de rencontrer de nouvelles personnes, vous semblent peut-être peu tentants et au-dessus de vos forces. Vous avez peut-être envie de décliner les invitations ou de fuir les interactions sociales pour éviter les conversations malaisantes et les situations douloureuses.

Quand vous reprendrez contact avec les autres, vous ressentirez peut-être le besoin de vous préparer intérieurement parce que vous ne savez pas ce qu’ils vous diront ou vous demanderont, ni dans quelle mesure ils manifesteront de l’empathie.

Même si la perspective de reprendre les contacts sociaux vous inquiète, les sorties et la compagnie des autres pourraient vous donner de l’énergie. C’est une occasion de parler et de bénéficier du soutien des autres, de changer de décor, de vous changer les idées et d’avoir du plaisir.

Le deuil peut changer votre perspective sur la vie. Il se peut que les choses qui vous intéressaient et vous tenaient à cœur perdent leur intérêt ou revêtent un nouveau sens. Vous sentez peut-être que vous n’êtes plus la même personne ou que vos relations avec les autres ont changé après la perte que vous avez subie. Certains intérêts et relations peuvent s’estomper, et d’autres, se renforcer.

 

Quelques idées...

  • Écoutez votre instinct et prenez votre temps. À vous de décider ce que vous souhaitez accepter ou refuser.
  • Planifiez des choses, mais faites preuve de flexibilité. Vous avez le droit de changer d’idée, même à la dernière minute.
  • Plutôt que de décliner des invitations que vous craignez de regretter, demandez aux autres de faire preuve de compréhension si vous devez vous décommander ou partir plus tôt.
  • Commencez par des rencontres avec des proches et des personnes de confiance, puis élargissez votre cercle et augmentez vos sorties lorsque vous serez prêt.e.
  • Préparez vos réponses. Une réponse rapide à une question malaisante peut couper court à une conversation difficile et importune.
  • Entourez-vous de gens en qui vous avez confiance. Lors des activités sociales, faites-vous accompagner par un.e ami.e qui sera là pour vous.
  • Décidez comment vous voulez interagir avec les autres. Vous pouvez choisir l’endroit, le lieu, la durée de la visite et les personnes qui seront présentes. Vous serez peut-être plus à l’aise dans une situation sociale dont vous avez vous-même fixé les paramètres.
  • Si vous devez retourner au travail, faites-vous un plan. Parlez à votre gestionnaire ou à un collègue de confiance pour lui expliquer ce qui pourrait faciliter votre retour au travail. En faisant votre plan, pensez à votre lieu de travail, à votre horaire et aux communications avec les collègues.
  • Les groupes de soutien permettent d’entrer en contact avec d’autres personnes qui vivent un deuil après un suicide. Ils peuvent réduire le sentiment d’isolement et vous mettre à l’aise de parler.